C'est un fait méconnu, les Arméniens sont des grands romantiques. Ils se nourrissent d'illusions qui ne coûtent pas cher et qui peuvent éventuellement rapporter gros à ceux qui les dispensent. L'actualité vient nous fournir deux exemples récents de cette tendance déraisonnable à l'idéalisme.
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Nous prendrait-on pour des pommes ? |
Premier exemple donc, la disparition de Steve Jobs. Nous ne reviendrons pas ici sur les mérites considérables de celui que la presse et l'opinion publique unanimes ont présenté comme l'auteur des inventions les plus révolutionnaires depuis celles de la roue et du feu - plus même que le fil à couper le beurre ou la poudre à péter deux fois. Ceux qui - dans le concert de louanges - prêtèrent attention à l'hagiographie jobienne en cours d'élaboration, purent entendre ou lire que le père de Steve Jobs était syrien et que sa mère adoptive était arménienne. Mieux encore, Steve Jobs - paraît-il - parlait couramment la langue de Raffi et de Tcharents. Il n'en fallait pas plus aux diverses composantes de la presse arménienne - d'Arménie comme de Diaspora - pour tirer une étrange gloire collective de cette particularité identitaire. A la décharge des Arméniens, précisons tout de suite qu'une vague inquiétude symétrique transpira également dans la presse turque.