lundi 30 janvier 2012

L'Etat négationniste et ses relais français

La récente adoption par le Sénat de la loi "visant à pénaliser la négation des génocides reconnus par la loi" a d'ores et déjà eu plus de mérites qu'on ne le pense. Par exemple, dans les minutes - oui, j'écris bien les minutes - qui ont suivi le vote, trois sites Internet  notoirement négationnistes [dont je ne mentionnerai délibérément pas l'adresse] se sont sabordés en rendant leur contenu indisponible. Sans compter l'ineffable Turquie-News qui, après avoir grossièrement tenté de faire croire à une attaque de "hackers arméniens", lance maintenant de pathétiques appels à l'aide et aux soutiens financiers comme si la loi, bien qu'encore non promulguée, l’empêchait d'ores et déjà de diffuser ses appels à la haine.

Un autre avantage de la loi est d'avoir fait sortir du bois tout ce que l'Internationale négationniste compte de dévoués collaborateurs et de sympathiques soutiens. On trouvera ci-dessous quelques-unes des lettres les plus édifiantes reçues par nos députés et sénateurs, voire par le Président de la République. On notera en particulier la bonne grosse lettre envoyée par l'Ambassadeur de Turquie expliquant benoîtement à nos parlementaires ce qu'ils devaient maintenant faire. Merci Ankara; nul doute que nos élus apprécieront à  sa juste valeur cette grossière ingérence.

vendredi 27 janvier 2012

Pénalisation des négationnismes : une loi mémorable !

Ça y est : le Sénat a adopté la loi "visant à pénaliser la négation des génocides reconnus par la France". En clair et en l'état, la négation du génocide des Juifs et de celui des Arméniens. Je ne reviendrais pas ici sur les nombreuses péripéties techniques et politiques qui ont conduit à cette adoption pour me concentrer sur les enseignements que je tire personnellement de cette affaire:

mercredi 18 janvier 2012

La Fausse Parole

Le négationnisme est une forme particulière de haine raciale qui repose sur la perversion des structures même du langage. Contrairement aux cris de haine qui expriment directement le rejet de l'altérité - "morts aux Arabes" par exemple - le négationnisme use de l'arme rhétorique pour nier jusqu'à la dignité ou l'existence de ses cibles. Dans cet article, j'ai voulu rappeler la contribution quelque peu oubliée d'Armand Robin au démasquage de ce qu'il appelait la Fausse Parole.

L'ouvrage original d'Armand Robin
Ils s’appellent Pierre Nora, Claude Imbert ou Jean Daniel mais leurs noms n’ont pas d’importance. Ils ont écrit dans le Monde ou dans le Point ou dans le Nouvel Observateur, mais cela aussi, ça n’a pas d’importance. Ils ont dit, et leur expression fut unanime et sans appel ; d’ailleurs elle est souvent unanime puisqu’elle n’est que le reflet dans d’hasardeux miroirs, de similaires affects. Et elle est toujours sans appel car les miroirs ne regardent rien ni personne. 

Cette fois, l’objet de leur ressentiment est un projet de loi sur la pénalisation des négationnismes. L’ont-ils lu ? Peut-être ; sans doute pas ; mais qu’importe. Leur avis préexistait à toute analyse, à toute considération, comme hors le monde. Il procédait d’un instinct plus que d’une pensée. Ils accrochèrent des arguments à cet instinct, comme pour le justifier. Mais comme ils n’accordent guère d’attention à ces accessoires, ceux-ci se cognent dans leur cocasse dépareillement : la prétention à la liberté intellectuelle y côtoie la raison marchande et la considération diplomatique. Quand elle ne s’accroche pas au réel, l’intelligence roule sans garde-fou et de nobles abstractions croient alors excuser de tragiques méprises. 

Négationnisme : Les historiens, pas plus légitimes que les politiques

Dans le cadre des débats actuels sur la pénalisation du négationnisme, j'ai tenté de recadrer les enjeux réels de la question trop souvent occultés par une propagande malveillante. Cet article a été initialement publié le 4 janvier dans Marianne2.

La députée Valérie Boyer défendant son projet de loi
Avec l’adoption par l’Assemblée Nationale d’un projet de loi visant « à réprimer la contestation de l’existence des génocides reconnus par la loi », quelques personnalités et historiens à la mode ont recommencé à faire entendre le petit refrain selon lequel un telle disposition serait « liberticide », qu’elle attenterait à leur liberté d’expression. 

Passons rapidement sur l’obscénité vaguement ridicule de cette assertion provenant de personnes dont l’entregent leur permet de se faire entendre où et quand ils le veulent et de gémir dans tous les grands médias qu’on les bâillonne, une licence inouïe dont leurs prétendus censeurs sont bien loin de jouir.