vendredi 31 mai 2013

La Russie traite la question de l'Union eurasienne avec sérieux


M. Uwe Halbach
La présente interview a été accordée par Uwe Halbach à Emma Gabrielyan pour Aravod. Uwe Halbach est expert de l'Institut allemand pour les affaires de sécurité internationale. Il traite du projet d'Union eurasienne promu par Moscou et visant à constituer une entité de coopération économique multilatérale entre la Russie et ses voisins proches. Les détracteurs de l'Union eurasienne y voit un remise en place de l'Empire russe. A l'instar de l'Ukraine, l'Arménie est tiraillée entre les deux structures. 

Emma Gabrielyan : M. Halbach, le second mandat du président Serge Sarkissian commencera officiellement le 9 avril. Son mandat précédent débuté en 2008 a été marqué par la "diplomatie du football" qui s'est révélée stérile. Aujourd'hui, selon vous, en quels termes l'Arménie peut-elle intéresser la communauté internationale, Quelles attentes peut-on avoir de l'Arménie ?

Uwe Halbach : Il est difficile pour moi de dire que les choses vont changer radicalement sur cette question mais je peux supposer que le processus avec la Turquie va continuer à figurer à l'ordre du jour. Permettez-moi de rappeler que le président Gül a féliciter Serge Sarkissian pour sa réélection et, à la suite, il y a eu de nouvelles discussions sur le fait de savoir si le processus de normalisation des relations arméno-turcs sera ressuscité. Je ne sais pas, je pense qu'il est possible que ce processus soit repris un jour et, le cas échéant, je suis sûr que la communauté internationale le soutiendra. Il est difficile pour moi de dire si Serge Sarkissian changera de ligne politique et de plus, je ne peux voir de nouvelles priorités à ce sujet.

mardi 28 mai 2013

Biens spoliés: un particulier s'engage dans une démarche personnelle de restitution

Le village de Mermerli

Kerem Oktay, un particulier turc vivant en Allemagne vient de faire parvenir une requête émouvante et insolite au site d'information Aykiri Dogrular. Il souhaiterait restituer "aux Arméniens" des terres appartenant à lui et à sa famille, situées sur la commune de Mermerli dans la région de Yernzka .

Yerznka (actuellement Erzincan) est le chef-lieu de Haute Arménie, une région d'Arménie occidentale actuellement sous occupation turque. Selon la presse, M. Oktay qui est né à Mermerli fait actuellement des recherches sur l'histoire de son village. 

"Nous avons des informations précises nous indiquant que ce village était arménien. Quand j'étais enfant, j'entendais parler de deux femmes arméniennes qui habitaient là. Je ne sais pas qui elles étaient et pourquoi elles vivaient dans ce village. Actuellement, je collecte des informations mais je n'ai encore rien de clair" a indiqué Kerem Oktay.



La localisation de Mermerli

"Dans plusieurs coins du village, il y a des ruines  de bâtisses qui appartenaient aux Arméniens. Dans les champs, il y a des murs de 3 à 4 mètres de haut. Quand j'étais gosse et que je grimpais sur ces mur, ma mère se mettait en colère, me disait de descendre, que les murs allaient s'effondrer et qu'ils appartenaient aux Arméniens. Et ma mère me disait toujours de ramasser les pierres qui étaient dans le coin et de les mettre sur les murs en question"  a précisé M. Oktay.

Il a fait part de son intention de restituer les propriétés dont il dispose dans le village à leurs propriétaires légitimes. Il souhaite recueillir des informations sur la manière dont le génocide arménien s'est déroulé dans ce village.

Commentaire Eurotopie : Une démarche personnelle courageuse et émouvante qui doit être saluée comme telle. Il faut néanmoins veiller à ce que de telles initiatives - ou des demandes réciproques de dédommagement de la part de particuliers arméniens - ne soient pas utilisées par l'Etat turc  dans le cadre de procédures amiables particulières pour se dispenser d'une réparation politique globale du génocide.

jeudi 23 mai 2013

Pour des listes réellement européennes


EUROPE - Dans un peu plus d'un an se dérouleront les élections européennes. Elles permettront aux quelques 507 millions d'habitants des vingt-huit Etats de l'Union européenne -l'adhésion de la Croatie est désormais actée pour le 1er juillet prochain- de choisir leurs représentants au Parlement européen. Ce Parlement, rappelons-le, constitue la seule instance élue de l'Union et jouit de prérogatives très élargies depuis le Traité de Lisbonne.

Dans tout système démocratique sain, ces élections devraient constituer le point d'orgue de la vie citoyenne. Elles devraient susciter un large intérêt populaire, fait de débats intenses portant sur les implications politiques, économiques et sociales des programmes et des visions proposés par les différentes forces politiques en présence.

Mais il est à craindre qu'il n'en soit rien.

Les raisons de la désaffection européenne sont nombreuses, complexes et spécifiques d'un pays à l'autre. Dans les anciennes républiques populaires d'Europe de l'Est, l'idée prévaut souvent que l'on ne s'est pas débarrassé du grand frère soviétique pour tomber sous la coupe du "monstre doux" bruxellois.

A Berlin, on estime désormais que -forte de ses succès économiques- l'Allemagne tracera seule la route que le reste de l'Union devra suivre sans discuter. En France, le jacobinisme le plus étroit qui constitue souvent la règle croit ôter la plus grande part de sa légitimité à une Union conçue au mieux comme starting-block pour jeunes premiers en mal d'ambitions politiques, au pire comme lieu de relégation des anciennes gloires de la représentation nationale.

mercredi 22 mai 2013

La Turquie, le pays "laïc" qui écroue pour blasphème

Sevan Nichanian
L'édition du 22 mai 2013 du site Hurriyet Daily News rapporte qu'une Cour pénale d'Istanbul (Constantinople) a condamné ce jour l'écrivain Sevan Nichanian a 58 semaines d'emprisonnement pour avoir offenser le "prophète Mahomet" sur son blog.

Nichanian avait été accusé de blasphème à la suite d'un article de blog intitulé "Nous devons combattre les discours de haine". Dans cet article datant d'un an, il écrivait "Se moquer d'un leader arabe qui prétend avoir été contacté par dieu il y a des centaines d'années afin de bénéficier d'avantages politiques, financiers et sexuels ne relève pas du discours de haine mais constitue un test presque enfantin [NdT "kindergarten-level "] de ce que nous appelons la liberté d'expression.

Le procureur avait requis un an et demi de prison contre ce représentant connu de la minorité arménienne de Turquie pour "insulte aux croyances religieuses d'une partie de la société". Le verdict ne peut pas être commué en amende mais Nichanian a le droit de faire appel.


jeudi 16 mai 2013

L'Arménie va émettre des Eurobonds


L'Arménie va émettre pour la première fois dans son histoire un emprunt en devises étrangères a annoncé David Sarkissian, le ministre des Finances, à l'issue du Conseil des Ministres qui s'est tenu ce jeudi. 

Il a expliqué que les institutions internationales ne considèrent plus l'Arménie comme un pays à faibles revenus. Ce statut permettait à l'Arménie de bénéficier de prêts à taux préférentiels de la part de ces institutions. Ce soutien financier va graduellement diminuer puis stopper complètement. Cette évolution devrait contraindre l'Arménie à opérer sur les marchés financiers internationaux et à attirer les bailleurs de fonds par elle-même. 

"Ceci signifie que l'émission d'eurobonds devrait commencer" a déclaré le Ministre des Finances. 

Pour sa part, le Premier Ministre Tigran Sarkissian a déclaré qu'une décision politique avait été prise et qu'elle ouvrirait une nouvelle ère dans la politique économique de l'Arménie. Selon Sarkissian, les eurobonds devraient permettre au secteur privé de bénéficier de ressources financières bon marché, dans la mesure où les taux appliqués par les investisseurs privés sont de 1 à 1,5% plus élevé en l'absence d'emprunts garantis par l'Etat. 

"Ces taux d'intérêt pourraient décroître dans le futur" selon le Premier Ministre.

D'après les propres paroles de Tigran Sarkissian, si l'émission d'eurobonds s'avère un succès, l'Arménie rembourserait les prêts qu'elle a contractés auprès de la Russie, dans la mesure où sa cotation 2B par les agences internationales de notation lui permettent désormais d'attirer des capitaux à meilleur marché.

mercredi 15 mai 2013

L'Azerbaïdjan toujours un peu moins libre

L'Azerbaïdjan du clan Aliev
Le Parlement azerbaïdjanais a légalisé une série de mesures renforçant le contrôle de l'Etat sur l'Internet par une initiative que l'opposition considère avec crainte comme visant à faire plier la dissidence numérique.

Les mesures votées par le Parlement le 14 mai font de la diffamation en ligne et de ses "abus" des infractions pénales. La  nouvelle loi prévoit que les cas "particulièrement sérieux" de diffamation puissent faire l'objet de trois ans de prison.


Il a également décidé de porter à trois mois la durée maximale de détention  dite «administrative» en vertu desquelles des militants de l'opposition ont souvent été arrêtés. La peine maximale précédente était de 15 jours.

Les militants de l'opposition utilisent généralement des médias sociaux en ligne pour coordonner leurs activités.

Le Comité international de Protection des journalistes a déclaré que le nouveau projet de loi, s'il était ratifié , constituerait "un vol de l'information publique en ligne" et il a exhorté le président Ilham Aliev à opposer son veto.


Il y a quelques jours, Stefan Füle, le commissaire de l'Union européenne chargé de l'Elargissement et de la Politique Européenne de Voisinage avait exprimé sa préoccupation au sujet de cette initiative proposés par les forces aux pouvoir de cet Etat pétrolier pour limiter l'accès à l'Internet.