jeudi 27 mars 2014

[Mise à Jour] Turquie: le blocage des réseaux sociaux, possible prélude à une invasion de la Syrie

[Mise à Jour]: La traduction française des échanges est désormais disponible sur Slate. Elle a été assurée par un blogueur dont le pseudonyme est Kierkegaard. Merci à lui.

Les échanges font intervenir Hakan Fidan, responsable du renseignement turc, Ahmet Davutoğlu, ministre des affaires étrangères, Yasar Guler, vice chef des forces armées et d'autres officiels.

DERNIERE MINUTE : L'Etat turc vient de bloquer Youtube après qu'un tribunal stambouliote ait jugé illégal la censure de twitter. Cette nouvelle violation de la liberté d'expression en Turquie survient dans un contecte électoral très tendu, alors que le pouvoir AKP est fragilisé par des affaires de corruption touchant directement le premier ministre Erdogan et son fils.

Cependant, ce dernier cas de censure pourrait être lié à des enregistrements ayant fuité et qui attesteraient des projets imminents de la Turquie d'envahir la Syrie. Ces enregistrements mettent en scène Ahmet Davutoglu le ministre des Affaires Etrangères et Hakan Fidan le chef des services secrets de cet Etat criminel. 

Une première traduction anglaise est disponible. La traduction française est en cours.



mardi 25 mars 2014

La Turquie, base arrière des rebelles syriens

Dimanche 23 mars, la Turquie a abattu un avion militaire syrien qui bombardait des rebelles dans la région frontalière de Kassab, au nord-ouest du pays. Pour Damas, il s’agit d'une «agression flagrante», qui prouve «l'implication de Erdogan (le Premier ministre turc) dans le soutien aux groupes terroristes». Il s’agit de l’incident le plus grave entre les deux pays depuis septembre 2013, quand des chasseurs turcs avaient abattu un hélicoptère syrien dans la même région.

JOL Press : Historiquement, quelles relations entretiennent la Turquie et la Syrie ?
 
Laurent Leylekian : Ces deux pays entretiennent des relations assez conflictuelles. Il ne faut pas oublier que la Syrie, et plus généralement le Machrek («le Levant»), est une ancienne colonie de l’empire ottoman. Pendant très longtemps, les Turcs ont été perçus par les populations arabes comme des colons. Au début du XXe siècle, lorsqu’Atatürk a fondé la République de Turquie, le pays a été vu par certains progressistes arabes comme un modèle d’Etat laïque et moderne. Il y a donc une ambivalence, entre rejet et admiration.
 
En outre, il ne faut pas oublier qu’il existe un différend territorial entre les deux Etats : la Syrie n’a jamais admis qu’en 1938 la France ait donné à la Turquie le Sandjak d’Alexandrette et une bande frontalière allant jusqu’à la frontière irakienne, ces deux territoires appartenant à la plaine syrienne et majoritairement peuplés d’Arabes.
JOL Press : Comment ont évolué ces relations depuis le début de la crise syrienne, en mars 2011 ?
 
Laurent Leylekian : Il y a trois ans, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, prônait une politique du «zéro problème avec les voisins». Cette politique a été un échec total : le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, s’est fâché avec le régime militaire égyptien, les monarchies du Golfe (pour leur refus de soutenir Mohamed Morsi, le président égyptien déchu) et Israël en soutenant des mouvements islamistes comme le Hamas dans la bande de Gaza.
Erdogan et Bachar al-Assad, qui étaient autrefois bons amis, se sont également brouillés lorsque le régime de Damas a commencé à réprimer les mouvements contestataires et islamistes en Syrie. Aujourd’hui, Ankara et Damas sont à couteaux tirés car la Turquie soutient officiellement les rebelles, y compris ceux liés à al-Qaida

vendredi 21 mars 2014

Syrie: le village arménien de Kessab attaqué par des commandos de Turquie

Kessab sous attaque en provenance
de Turquie (Asbarez)
21 mars 2014 - Des nouvelles alarmantes nous parviennent du canton de Kessab, bourgade de Syrie à très forte prédominance arménienne à un jet de pierre de la frontière turque. 

Depuis 5h00 ce matin (heure locale), le bourg et les localités avoisinantes auraient subi une violente attaque d'islamistes en provenance de Turquie et bénéficiant apparemment du soutien logistique de ce pays. La plupart des habitants - environ 3500 personnes - ont pu s'enfuir en grimpant sur les hauteurs et certaines ont été évacuées sur Lataquié. Les attaques se sont concentrées sur le village de Sev Aghpuyr (la source noire) qui aurait été attaqué simultanément à partir de trois points de la frontière turque.

mercredi 19 mars 2014

Pourquoi la Turquie héberge-t-elle le terrorisme ?

Al Qaida in Turkey
Des combattants d'Al-Qaïda paradant à Tel Abyad
en Syrie, proche de la frontière turque (janvier 2014)

La Turquie est sans conteste l'allié le plus important des Etats-Unis sur les questions relatives au Proche-Orient - c'est un membre solide de l'Otan, elle représente les intérêts de l'Amérique dans plusieurs zones de conflit et c'est un partenaire majeure de la lutte globale contre le terrorisme. Mais ce pays, qui s'attaque de manière si notoire aux mouvements terroristes violents, a également à plusieurs reprise servi de havre aux terroristes qu'il a assisté à l'intérieur de ses propres frontières.

Les relations présumées de la Turquie avec les leader du Hamas - une organisation considérée comme terroriste - et ses relations avec les financiers d'Al-Qaïda ont tendu les relations entre ce pays et les Etats-Unis et menacent leur coopération future sur les question de sécurité.

Il y a deux grands exemples d'agents extrémistes à qui la Turquie a donné procès et accès aux leaders politiques. Le premier est Saleh al-Arouri, le fondateur de la branche armée du Hamas dans la bande de Gaza, branche connue sous le nom des Brigades Qassam. Il vit en Turquie et est , selon des sources crédibles, impliqué dans les affaires financières et logistiques liées aux opérations militaires dans la région.

jeudi 13 mars 2014

Biens spoliés: une plainte vise le Trésor américain pour recel

Or juif spolié par les Nazis et redécouvert par les Alliés
Une association de Glendale (Californie) - le Centre pour la Mémoire Arménienne (Center for Armenian Remembrance - CAR) a porté plainte contre la réserve fédérale américaine ce 4 mars 2014 afin d'obtenir des informations sur la manière dont elle a acquis une grande quantité d'or spolié aux Arméniens par le gouvernement ottoman en 1915. CAR a porté plainte sur la base du Freedom of Information Act, une disposition législative américaine visant à imposer la transparence des documents de l'administration américaine. Evaluées à l'origine à 5 millions de livres-or turques (22 millions de dollars), les quantités d'or spoliées vaudraient maintenant plusieurs centaines de millions de dollars. Le Conseil d'Administration de la Réserve Fédérale et de la Banque de la Réserve Fédérale de New-York ont récemment prétendu qu'ils n'auraient connaissance d'aucun acte de dépôt d'or arménien. Il n'est pas facile de tracer le chemin suivi par l'or arménien transféré d'Istanbul à New-York voici presque un siècle. Le résultat de nos recherches sur une série de transactions en cascade peut être résumé comme suit: Le gouvernement ottoman a saisi l'or ainsi que d'autre biens de valeur appartenant aux Arméniens déportés et assassinés lors du génocide de 1915, les dépossédant ainsi de leurs comptes bancaires et de leurs compte de dépôts. La Commission de liquidation ottomane a fait usage d'un ensemble complexe de transferts bancaires pour masquer le chemin suivi par cet "argent du sang". Le Trésor turc a placé l'or spolié aux Arméniens sur des comptes de la Deutsche Bank allemande à Istanbul. En 1916, l'or a été transféré à la banque Bleichroeder de Vienne et déplacé de là à la ReichBank - la banque centrale allemande - à Berlin où il a été consigné sur le compte de la Dette Publique Ottomane.

mercredi 12 mars 2014

Compilation de points de vue dissidents sur l'Ukraine

Emeutiers face aux forces de l'ordre - place Maïdan
Les événements survenus en Ukraine - à savoir les manifestations de la place Maïdan, les émeutes qui s'en suivirent, la fuite du président Ianoukovitch, l'institution d'un nouveau pouvoir et la sécession de la Crimée sous "l'amicale pression" de la Russie - ont fait l'objet d'un traitement assez univoque par la presse libérale dominante. 

Dans cet article qui n'en est pas un, nous vous proposons un florilège des quelques analyses et opinions, sur et autour de ces événements, qui vont à contre-courant de la pensée dominante en Europe et aux Etats-Unis.

mardi 11 mars 2014

Affaire Perinçek : la Suisse demande un réexamen du cas par la Grande Chambre

Perinçek pérorant à Lausanne

Berne. La Suisse va demander à la Cour européenne des droits de l'homme de renvoyer le cas Perinçek devant la Grande Chambre. Cette décision émane de l’Office fédéral de la justice. Le réexamen du cas vise à préciser la marge de manœuvre dont disposent les autorités suisses dans l’application de la norme antiraciste.

La Convention européenne des droits de l'homme prévoit la possibilité de faire réexaminer une affaire par la Grande Chambre, notamment si cette affaire soulève une question grave relative à l'interprétation ou à l'application de la convention. Dans le cas présent, il s'agit avant tout de préciser la marge de manœuvre dont disposent les autorités suisses dans l'application de la norme antiraciste inscrite à l’art. 261bis du code pénal, en vigueur depuis le 1er janvier 1995. La Suisse avait créé cette norme pour combler une lacune de son droit pénal, dans le but d'adhérer à la Convention de l'ONU sur l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Dogu Perinçek, ressortissant turc, a été condamné le 9 mars 2007 par un tribunal vaudois à une peine pécuniaire et à une amende, en vertu de l'art. 261bis CP, pour avoir nié le génocide des Arméniens. Après avoir recouru sans succès auprès du Tribunal cantonal vaudois et du Tribunal fédéral, M. Perinçek a porté son cas devant la Cour européenne des droits de l’homme. Dans son jugement du 17 décembre 2013, la Chambre en charge de l’affaire a constaté l'existence d'une violation de la liberté d'expression du plaignant.

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