lundi 19 janvier 2015

Arménie - Turquie: la troisième voie

Cet article constitue la version courte d'une longue tribune publiée en janvier 2015 des les toutes nouvelles pages françaises de la version papier de Nor Haratch. Nor Haratch est un tri-hebdomadaire français de langue arménienne, successeur du légendaire Haratch, quotidien de la première génération des Arméniens de France, rescapés du Génocide.

Je n'avais pas prévu de le publier rapidement afin de laisser la primeur à Nor Haratch. Néanmoins, ayant appris que la version longue avait été diffusée sur le blog Europe & Orient, il me semble que publier la version courte ne porte désormais aucun préjudice. La voici donc. Hasard du calendrier, la date de publication du présent article sera donc celle du 8ème anniversaire de l'assassinat de Hrant Dink.

Depuis quelques temps, la question arménienne oppose tenants d’une solution politique et partisans d’un arrangement personnel entre individus supposés de bonne volonté. Dans un échange récent sur Facebook, l’un de ces « réconciliationnistes » – ni Turc, ni Arménien – a écrit une phrase éclairante quant aux affects les motivant. Cette personne dont l’identité importe peu ici, a écrit « Moi je voudrais juste pouvoir aller de Kars à Erévan en une heure de bus […]». 

Cette phrase ramène un problème politique à une question égocentrée (« Moi, je voudrais ») et le réduit à sa dimension utilitaire et consumériste (« aller de Kars à Erevan en une heure de bus »). Dans ce cadre qu’imposent les réconciliationnistes – certains avec sincérité, d’autres par calcul et les plus nombreux par confusion – il ne saurait y avoir d’opposition d’idées. Si on s’oppose à eux, c’est qu’on ne les aime pas et si on formule des exigences en termes politiques, c’est qu’on est raciste. C’est d’ailleurs l’accusation de racisme que n’a pas manqué de porter cette personne qui voulait aller « de Kars à Erevan en une heure », à la lecture des revendications territoriales du parti Dachnag vis-à-vis de la Turquie.