Voici un petit ouvrage des éditions Sigest qui sera fort utile à ceux qui veulent comprendre la permanence des structures et des comportements criminels de l’Etat turc. « Le recyclage des criminels jeunes-turcs » rappelle en effet de manière concise comment la Turquie kémaliste fut conçue et fondée au premier chef par de hauts responsables du Comité Union et Progrès (CUP), sans réelle rupture avec la dictature précédente par le biais de laquelle ils perpétrèrent le Génocide des Arméniens au cours de la Première Guerre Mondiale.
En termes historiographiques, cette monographie apporte sans doute peu d’éléments nouveaux au regard de la connaissance scientifique sur laquelle elle s’appuie explicitement. Les travaux pionniers d’Erich-Jan Zürcher, de Saït Çetinoglu et de Vahakn Dadrian puis ceux de Raymond Kevorkian, de Taner Akçam et de Selim Deringil sont dûment et abondamment cités ainsi que ceux de cette nouvelle génération d’historiens turcs qui abordent sans tabou l’histoire de leur pays : Mehmet Polatel, Ümit Üngor ou Fuat Dundar. En ce sens, « Le recyclage des criminels jeunes-turcs » apparaît comme un ouvrage d’introduction et de synthèse utile au lecteur désireux de se faire une culture sur la question avant que d’aborder des ouvrages spécialisés.