mardi 28 septembre 2021

Yerablour, un 27 septembre


Il est sans doute seize heures lorsque je parviens au bas de la colline de Yerablour et le soleil a déjà entamé son déclin sur l’horizon. C’est sous les rayons bas de l’astre du jour que j’entreprends la petite ascension des dernières centaines de mètres, accompagnant les familles qui – par grappes – effectuent là leur chemin de croix. Il y a un an jour pour jour éclatait la seconde guerre du Karabagh. Presque arrivés, on s’encombre entre ceux qui montent et ceux qui descendent sur une route qui se rétrécit et qu’empruntent également des norias de voitures, sous l’œil indifférent de quelques policiers apathiques. La tristesse ne semble pas avoir encore atteint le visage de ceux qui montent au panthéon militaire et elle semble souvent avoir déjà quitté ceux qui en repartent.

jeudi 26 août 2021

Cher Pierre.....

J'avais écrit cette réponse en forme de lettre ouverte à une personne d'origine arménienne connue pour son engagement à l'ultra-gauche de l'échiquier politique. Je ne me rappelle plus la controverse en question - d'ailleurs secondaire - si ce n'est qu'elle avait conduit cette personne à me taxer de racisme pour ne pas verser dans le catéchisme immigrationniste actuellement en vigueur. Quoi qu'il en soit, cette réponse initialement publiée dans les "articles" de Facebook avait disparu suite à la suppression de cette fonctionnalité par la firme de Zuckerberg. Je l'ai reproduite ici pour mémoire, les arguments que j'avais alors avancés me paraissant plus que jamais valables.
 



Cher Pierre,

Cher Pierre ; permettez-moi de vous donner du cher car vous m’êtes réellement cher même si nous ne nous connaissons pas. Vraiment, ne voyez aucune ironie dans ces propos, il n’y en a pas ; vous m’êtes cher car je vous sais animé des meilleurs sentiments, de ces sentiments qui font mon admiration sincère et – pourquoi ne pas l’avouer – de la nostalgie des anges déchus pour les paradis perdus. Mais voilà, je n’y crois pas ou plutôt je n’y crois plus. J’ai perdu cette foi en des lendemains qui chantent, cette espèce d’espérance laïcisée, pauvre substitut de l’ancienne religion désormais morte.

Pour n’être plus, cette ancienne religion n’en finit cependant pas de projeter ses ombres sur notre condition moderne et même post-moderne. Comme le prévoyait Nietzsche Le nationalisme le plus bas du front, le « nationalisme des bêtes à cornes » a pu lui servir de succédané et – même aujourd’hui, même après deux conflagrations mondiales, même après Deir Zor et Auschwitz, même après le Rwanda et après les innombrables avatars de ces sommets d’horreur – il continue d’animer la sinistre fantasmagorie de la scène politique internationale, parfois déguisé avec obscénité sous les oripeaux du Droit international.

mercredi 16 juin 2021

Tribalisme des think tanks, révisionnisme historique et immunité à la critique

Ce document constitue la traduction française d'une tribune que j'ai cosignée avec plus d'une douzaine d'intellectuels pour dénoncer l'attitude désinvolte et l'approche orientaliste par lesquels le très influent think tank Carnegie Europe donne voix et défend des positions confinant au négationnisme à propos du génocide arménien. Elle fait suite à la lettre atterrante par laquelle Carnegie Europe a répondu à un courrier que nous lui avions initialement adressé.

La version originale de la présente tribune a été publiée le 14 juin 2021 par le journal Agos sous le titre "Carnegie Fatigue".



jeudi 25 mars 2021

17ème chambre : qualifier Maxime Gauin de "négationniste du génocide arménien" n'est pas diffamatoire et relève de la liberté d'opinion



La 17ème chambre du tribunal de Paris a relaxé Ara Toranian et Laurent Leylekian des accusations de diffamation publique portées à leur encontre par M. Maxime Gauin. M. Gauin est débouté de toutes ses demandes.

Le plaignant constitué partie civile accusait les prévenus d’avoir reproduit une phrase écrite sur Twitter par le député suisse Carlo Sommaruga et traitant M. Gauin de « négationniste du génocide arménien » et de « suppôt du pouvoir turc ». La plainte de M. Gauin était également assortie d’une Question Prioritaire de Constitutionnalité (QPC) visant à faire tomber la loi de 2001 par laquelle « la France reconnaît publiquement le génocide arménien de 1915 ». Cette QPC alléguait que l’accusation de négationnisme portée contre M. Gauin était fondée sur ce texte qui aurait ainsi entraîné une rupture d’égalité devant la loi.

Le jugement de première instance rendu ce jour indique que la cour n’a pas transmis la QPC dont la constitutionnalité est ainsi sanctuarisée par le tribunal. Ce dernier a ainsi suivi les arguments de la défense affirmant que l’accusation de « négationniste du génocide arménien » portée sur M. Gauin est indépendante de l’existence ou non de cette loi non normative.

Le jugement confirme également en creux que M. Gauin peut-être de bonne foi qualifié de « négationniste du génocide arménien » et de « suppôt du pouvoir turc ». C’est la dixième défaite judiciaire de M. Gauin devant des juridictions françaises, 4 en première instance, 3 en appel, 3 en cassation.